La semaine dernière, je me suis rendu pour la seconde fois en quelques mois à Salamanque,, en Espagne comme cette partie de la planète est appelée (frontières, frontières…) Un petit résumé de ce que j’y ai vu et/ou appris…
Tout d’abord, les murs sont recouverts de A cerclés et autres graffitis anarchistes. Plus encore, il y a beaucoup de graffitis antifascistes: « Carlos, ni oubli ni pardon », « Antifascistes organisé-e-s »… un peu partout. Beaucoup d’autocollants antifas et d’affiches anarchistes également. Je me suis dis « enfin un endroit où la rue est à nous! ». Et bin non. J’avais fait des recherches avant de partir.J’ai trouvé qu’il existait à Salamanque un collectif antifasciste, qui avait même envoyé deux de ses militant-e-s à Toulouse pour une conférence. Mais impossible de trouver un contact. Et en me promenant en ville, je vois une petite table tenue par 3 jeunes, avec livres, tracts, CDs… et un drapeau rouge et noir CNT-AIT… Je m’y arrête (je précise que je ne parle pas espagnol, du coup un gros merci à la personne avec qui j’étais sur place!) et on discute 5m. Ils m’expliquent qu’ils tiennent régulièrement des tables, mais se font régulièrement viré-e-s par les flics, car ils ne demandent pas, logiquement, l’autorisation. Ils me précisent qu’ils sont dispos à leur local tous les soirs. Je m’y suis donc rendu un soir. En attendant, j’ai appris l’origine de tous ces graffitis antifas. Peu de temps avant mon arrivé, était organisé une manif antifa à Madrid, en commémoration de l’assassinat de Carlos, militant antifa, par un militaire, le 11 novembre 2007 (si je me rappelle bien)… Tout s’explique… De plus, deux jeunes antifascistes se sont fait agresser en centre ville par des militants du parti d’extrême droite…
Lors de mes deux passages là-bas, je me suis donc rendu au local des compagnons de la CNT/AIT. Ce dernier est assez grand, avec une très large bibliothèque. Le local est aussi celui des FIJA (descendant-e-s plus ou moins directs des FIJL lors de la Guerre d’Espagne, sauf que Libertaires est aujourd’hui remplacé par Anarchistes), et celui du collectif féministe (comme quoi non le sexisme n’est pas culturel en Espagne, et ça fait aussi taire toutes celles et ceux qui disent que les anarchistes sont les pires des machos…).
La section salamanquaise de l’AIT est en pleine expension depuis deux ans, après un passage plus difficile à cause de la scission d’avec la CGT (équivalent ici de la CNT Vignolles). Aujourd’hui ça va beaucoup mieux, avec près de 30 militant-e-s actif-ve-s et une majorité de jeunes! La relève est assurée! Leur permanences téléphoniques au service des travailleur-euse-s est de plus en plus utile, les appelles se multiplient depuis quellques mois. Malgrés tout, la CNT/AIT locale en est à plus de 2500e d’amendes à cause des divers graffitis « Guerre Sociale », « Occupation, Résistance », « Assassinez l’Etat » et autres A cerclés… Les jeunes communistes ne sont pas en reste et bien plus virulent-e-s que chez nous « Du travail pour tous », « No Israël »… Quand on sait que les antifascistes ont pris une amende de 350e pour avoir diffé en ville, on se dit que les gouvernements de droite comme de gauche (PS en Espagne) tentent vraiment de cadenasser tout ce qui gène et ne marche pas droit. Les compagnons de l’AIT ne font pas vraiment parti des antifascistes salamanquais car selon elles/eux le collectif est dirigé par une communiste autoritaire aux méthodes staliniennes, alors les anarchistes agissent seul-e-s (un peu dommage à mon avis, l’ennemi est commun mais bon).
En ce moment, la CNT/AIT mène une large campagne pour la libération d’Amadeu Casellas, anarchiste enfermé depuis plus de 26 ans pour avoir participé à des braquages de banques pour financer la lutte des classes… Il hésite à repartir dans une 3e grève de la faim. En parlant de banque l’espagnol qui a arnaqué 700 millions (il me semble) aux banques pour leur faire payer la crise capitaliste était de passage et à rencontré les compagnons de la CNT, malheureusement le jour de mon départ… Mais comme nous le savons et le répétons, la lutte des classes a plusieurs facettes: économique, politique, étatique pour nous anarchistes, et social. Et à cet effet, nos compagnons espagnol-e-s luttent sur tous les terrains. D’abord, ils/elles essayent de sortir les jeunes de leur apathie consumériste sur le plan Bologne (la privatisation européenne des facs) et ont appelé à l’abstention sur la fac lors de l’élection du nouveau doyen, tous les candidats étants pro-Bologne. Un seul autre syndicat lutte contre Bologne, le CEA (Comité Etudiant Alternatif), syndicat « de lutte » réformiste et qui se présente aux élections (un peu SUD Etudiant-e ici je pense), composé selon les jeunes CNTistes de communistes et de socialistes en majorité. Mais les étudiant-e-s préférent boire des canons et s’amuser plutôt que de lutter pour un avenir vivable… En parlant d’alcool, lors de ma première visite j’avais emmené un petit pack de bière aux compagnons, qui m’ont gentiment fait comprendre qu’ils/elles ne buvaient quasiment jamais, encore moins en réunions, car l’alcool abrutit, est cher et fait le jeu de la classe capitaliste. Un exemple à suivre… LA CNT/AIT lutte aussi contre le projet de statue de Durruti, idée lumineuse de la CGT (qui se prétend anarchosyndicaliste, avec des délégué-e-s syndicaux, qui participe aux élections professionnelles et bosse avec SUD…). Hors, les anarchistes n’ont pas de chef, ni de modèles. Durruti n’aurait certainement pas milité à la CGT, lui qui se dévouait pour la CNT. L’anarchie et les anarchistes ne sont pas des marchandises qu’on vent ou qu’on exploite, mais ça la CGT refuse de le comprendre… Enfin, la CNT informe sur une réforme qui semble être en discussion au parlement européen (Ils/elles ont voté et puis après…) et qui voudrait nous faire bosser 65h par semaine… Bref il faut vraiment détruire ce système et ses valets…
Un article un peu long, mais qui j’espère informera sur les compagnons espagnol-e-s du mieux que je peux…
Un individu