C’est ce qu’a dit une étudiante asiatique après avoir vu l’exposition « 19 Juillet 1936, les Journées Libertaires ». On ne saurait mieux résumer !
Pour le centenaire de la CNT, section espagnole de l’AIT, nous avions donc décidé de profiter de l’évenement, pour d’une part adresser un salut fraternel à notre soeur espagnole, qui à 100 ans est toujours présente contre l’Etat et le capitalisme, et n’a pas bradé ses principes anarchosyndicalistes, et d’autre part pour raviver la mémoire collective. Car ni en Espagne, ni en France, on ne parle du rôle des anarchistes (CNT-AIT, mais aussi FAI ou FIJL) en 1936. Personne ne parle du fait que pendant plus de 2 ans, des centaines de milliers d’êtres humain-e-s « ont vécu libres », avant d’être massacré-e-s par les fascistes blancs (phalangistes) et rouges (marxistes-léninistes). Pour ne pas oublier, pour vivre à nouveau…
Une exposition de 26 panneaux retraçant le rôle des anarchistes dans la guerre civile espagnole, de la création d’Athénées, de l’organisation de la classe ouvrière (1,5 millions d’adhérent-e-s à la CNT-AIT, 80000 aux FIJL…), de la lutte contre le fascisme, du communisme libertaire enfin établi… a donc été ouverte au public dans les locaux de Peuple et Culture 6 jours durant. De vieux républicain-e-s espagnol-e-s, à fils-filles de réfugié-e-s, étudiant-e-s, simples curieux-euses, sont venu-e-s voir l’expo et discuter.
Nous avons terminé cette semaine libertaire par la projection du film « Vivre l’Utopie » samedi soir. Un peu plus de 30 personnes se sont déplacées pour assister à la projection. A la fin du film, et après une introduction de deux militants de la CNT-AIT 63, a suivi un débat d’une heure, qui a finalement plus tourné autour de la résistance actuelle au capitalisme et à l’Etat et de la lutte des classes qu’autour du film en lui même.
Les militant-e-s de la CNT-AIT 63 et du groupe Abel Paz de la FA remercient les personnes qui y ont participé, et vous donnons à toutes et tous rendez-vous dans des luttes que nous espérons autogestionnaires et expropriatrices !
Viva la CNT ! Viva la AIT ! Viva la Anarquía !
(et n’oubliez pas LOPPSI 2…)
Un autre truc dont on ne parle jamais pour expliquer la défaite, c’est le rôle des anarchistes eux-mêmes. Pourtant tout à été dit et chanté et plutôt deux fois qu’une
« L’anarchisme a réellement conduit, en 1936, une révolution sociale et l’ébauche, la plus avancée qui fut jamais, d’un pouvoir prolétarien. Dans cette circonstance encore il faut noter, d’une part, que le signal d’une insurrection générale avait été imposé par le pronunciamiento de l’armée. D’autre part, dans la mesure où cette révolution n’avait pas été achevée dans les premiers jours, du fait de l’existence d’un pouvoir franquiste dans la moitié d’un pays, appuyé fortement par l’étranger alors que le reste du mouvement prolétarien international tait déjà vaincu, et du fait de la survivance de forces bourgeoises ou d’autres partis ouvriers étatistes dans le camp de la République, le mouvement anarchiste organisé s’est montré incapable d’étendre les demi-victoires de la révolution, et même seulement de les défendre. Ses chefs reconnus sont devenus ministres, et otages de l’État bourgeois qui détruisait la révolution pour perdre la guerre civile.»
Guy Debord, la Société du spectacle, 1967
Et pour aller plus loin : http://infokiosques.net/spip.php?article420
Oups. Pour les journées de mai, c’est là que ça se passe :
http://www.deezer.com/fr/music/vanessa-hachloum#music/vanessa-hachloum
Salut,
On sait bien que 4 CNTistes ont fini ministres, une seule a regretté, et les descendants idéologiques des autres sont à la CGT espagnole… La CNT-AIT a commis beaucoup d’erreurs de 1936 à 1938, on a pas peur d’en parler, car il faut apprendre de ses erreurs. Les ministres, l’alliance avec réformistes et communistes…
Et pour « Les chansons radicales de Mai 68″, on connaît déjà et ça nous plaît, ça change des maos !
Puisque vous saviez, pourquoi ne pas l’avoir écrit et n’avoir parlé que des (je vous cite) fascistes blancs (phalangistes) et rouges (marxistes-léninistes) ? C’est con parce que ça vous aurait permis de vous démarquer et des maos et des trotsk et de tous les autres vendeurs de lendemains qui chantent à l’ombre d’une chapelle.
C’était (entre autre) le sujet du débat, d’ailleurs durant celui ci un anarchosyndicaliste nous a dit « la seule question à se poser, c’est pourquoi F.Montseney a été ministre ». Et les gens qui nous posaient des questions sur l’expo, on s’en cachait pas. On a également envoyé un com’ à la CNT-AIT es. pour leur 10e congrès, dans lequel il était dit qu’on (AIT) avait appris de nos erreurs.
Fort bien. Mais, la réponse à cette « seule question à se poser », l’avez vous trouvée ? Je doute que vous soyez allé plus loin que la simple remise en cause de la participation à un quelconque gouvernement. Réflexion assez peu digne d’intérêt au demeurant puisque d’autres l’avaient déjà, on l’a vu, signalée en leur temps.
Ce qui importerait présentement c’est de savoir en quoi les leçons de la Guerre d’Espagne peuvent être opérantes aujourd’hui, dans une situation qui, vous en conviendrez, est loin d’être similaire. Et donc aussi en quoi elle ne peuvent pas être réinvesties à l’identique. En ce sens, la seule et vraie question serait plutôt : peut-on reproduire le modèle aujourd’hui ? Si oui, comment et sinon, que faire pour qu’émerge les conditions d’une révolution sociale ? Car, que vous le vouliez ou non, nous n’en sommes même pas aux prémices.
Il vous faudrait donc aller encore plus loin et vous poser la question suivante : pourquoi l’anarchisme a-t-il pu s’imposer en Espagne ? Vous remonteriez assez loin dans le temps et vous auriez alors quelques surprises. Surprises pas si agréables que ça pour des anarchistes d’aujourd’hui. Car les conditions espagnoles d’alors n’étaient pas vraiment celles de l’Europe septentrionale d’aujourd’hui. Et c’était déjà vrai à l’époque dont on parle. Les pratiques de la « Mano Negra » originelle n’avaient pas grand chose à voir avec les batailles politiques au sein de la Première Internationale.
Vous verriez alors que l’anarchisme était une sorte de religion populaire contrebalançant la trahison de l’église catholique (son alliance avec la bourgeoisie). Et si vous parveniez à faire abstraction de tout ce que vous croyez savoir de la révolution, vous comprendriez alors que la seule leçon à tirer de tout ceci, c’est qu’il faut, pour réussir, savoir s’adapter aux conditions présentes, faire preuve d’un minimum de pragmatisme, rompre avec les dogmes quels qu’ils soient et ne pas en rester à l’application quasi-industrielle de quelques vieux slogans. Slogans qui, s’ils ont fait leur preuves en leur temps (en 1968 par exemple), sont aujourd’hui inopérants pour faire bouger « l’état des choses existant ».
Bon courage, bonnes fêtes et à tantôt de l’autre coté de l’écran.