Vendredi soir, l’Union Locale de la CNT-AIT a obtenu l’embauche de T. par l’action directe. Contre une patronne de gôche.
T. était venu nous voir à une permanence. Il avait été bénévole dans une asso d’accueil des migrant-e-s, qui s’est dissout en 2010. Puis font montée SAMA, avec son aide. SAMA est subventionnée par les mairies de Clermont et Cournon, le Conseil Général et le Conseil Régionale. SAMA lui avait promis un emploi d’accueil. Un contrat tri-partite avait été signé entre Pôle Emploi, l’asso et T. De plus, des promesses orales lui avaient été faites. Il attendait toujours son embauche, et n’avait donc aucune ressource (il n’avait pas fait de recherche d’emplois vu la promesse, donc pas de RSA…). Précisons qu’en tant qu’organisation anarchosyndicaliste, la CNT-AIT n’impose rien aux exploité-e-s, tout a été fait avec l’accord de T. (qui n’est pas affilié à la CNT-AIT).
Nous l’avons d’abord aidé à écrire une lettre de motivation. Pas de réponse. Nous avons alors écrit à la présidence de l’asso, tenue par F. Bezli (élue Vert au Conseil Régional…) pour exiger son embauche. Précisons qu’une partie de l’asso est au Front de Gauche, illes avaient même signé une carte de Parti de Gauche pour T. qu’il avait reçu chez lui, sans rien demander… Les syndicats CNT-AIT de Perpignan, des Landes ainsi que de Toulouse ont également envoyé un courrier. Réponse de l’élue de gôche « Je m’en fous, la CNT-AIT ça représente rien ».
Alors on a passé la vitesse supérieure. Vendredi soir se tenait le CA de SAMA (qui d’ailleurs n’est jamais transparent…). Au milieu de celui-ci, une dizaine de militant-e-s et sympathisant-e-s de la CNT-AIT 63 envahissent le local, avec une banderole et en criant « Embauchez T. ! ». Au premier abord, surprise du CA qui s’y attendait pas. Mme Bezli se moque de nous, prend des photos… Mais on dit qu’on partira pas tant que T. ne sera pas embauché. Là ça coince…
Une compagne monte sur la table et dit : « Il va crever de faim pendant trois mois mais vous en avez rien à foutre c’est ça ?? ». Réponse de l’écolo-bobo : « Je m’en fous j’ai vécu pire ». Des bourgeoises commencent à s’énerver: « C’est inadmissible, le CA ne peut se tenir, j’exige que vous sortiez ». La gôche est une merde, n’en soyons pas la mouche… On refuse. Un compagnon lance : « De l’extrême droite à l’extrême gauche vous en avez rien à foutre, le but est de gérer la misère et d’exploiter les pauvres ». Là ça gueule… On apprendra que le CA voulait squizzer la question de T. … Au bout d’un moment, on leur dit que le CA doit voter son embauche, on sort pour le vote, mais on attend devant.
On reste devant le CA. Qui jusque là refusait d’embaucher T. On entend que l’ambiance est pas au beau fixe. Quelqu’un vient fermer les rideaux de leur local. On maintien la pression dehors (d’après un témoignage d’une personne siégeant au CA, ça a eu son effet). Certaines sortent fumer une clope, l’air pas contentes. Au bout d’une bonne heure, le CA se termine.
T. est embauché à l’unanimité. Deux personnes démissionnent du CA devant le traitement réservé aux gens. Une militante depuis plus de 30 s’est fait insulté sur le fait qu’elle… ne militait pas. Par la bosse. Bref, ça a gueulé, mais on a eu des retours positifs de certaines personnes. D’autres évidemment non (Mme Bezli, les gens du Parti de Gauche…). Il semble que dans beaucoup d’autres assos c’est pareil.
En moins d’1h30, par l’action directe, sans négocier, nous avons montré qu’il était possible d’imposer nos revendications aux patron-ne-s, fussent-illes de gôche et même d’extrême gôche. Un-e patron-ne reste un-e patron-ne. Pour reprendre les termes de nos compagnes-ons de la SolFed (section anglaise de l’AIT) après une victoire pour des heures non payées, « L’action directe marche. T. en est la preuve vivante ».
Union Locale CNT-AIT 63