L ‘ exception s’est presentee hier. Arrivee a Port Said , ville de l’ entree nord du canal en bus , le delta etant plat on voit la ville de loin . D’ abord de grandes girafes d’ acier qui semblent brouter sur le toit des immeubles . Ce sont les grues des docks. Enfin une ville plus calme , un gros bourg…de 500 000 ha tout de meme ! En me promenant le long du canal je croise un couple d’ etudiants et c’est la fille qui m’aborde , maitrisant mieux l’anglais que son ami. Lui nous prend en photo puis a mon tour je les prends ensemble puis elle seule. Ils me montrent leurs cahiers.
A Alexandrie une jeune fille m’avait propose’ une cigarette dans un Cyber-cafe’ et une mendiante m’avait demande’ si je lui payais un the’ dans un cafe’ populaire. Ca m’ avait fait plaisir qu’on la laisse s’atabler avec moi. Conversation limitee puisqu’elle ne parlait que l’ arabe . J ‘avais bien fait un an d’arabe autrefois avec un prof algerien qui nous enseignait l’arabe dialectal mais c’est loin et le vocabulaire est souvent different.Me restent compter et les formules de politesse.
Train de Port Said a Ismailia au sud.Mon wagon est vide a part un vieil homme. Plus tard deux femmes montent avec des enfants.Elles m’offriront des graines de tournesol.Vous voyez les accasions de parler a des femmes sont si rares que je ne les oublie pas .
A Ismailia mon guide Lonely planet indique le « Travellers Inn » comme pas tres reluisant mais bien situe’ juste en face la gare .Je prends une chambre avec salle d’eau .Sordide. Je n’essaie meme pas la douche et ne me raserai pas en l’absence de miroir.J’ai heureusement un » sac a viande » en soie venant du Vietnam.Il me protegera du drap et la capuche du moustique qui maraude.D’ habitude je laisse un cadeau pour la personne qui fait la chambre mais la , qui trouverait le cadeau ?En bas par contre une cafeteria sympa .Un jeune travaillant pour l’administration du canal a envie de parler.Il est tres moraliste et me tient un discours contre l’alcool. Comme exemple il me parle de ce tueur norvegien qui a fait un massacre » sous l’emprise de l’alcool « .Je luis dis que c’est peu credible, que s’il avait ete’ saoul il n’aurait pas pu abattre 78 personnes de sang froid, qu’il est nazi et fier de l’ etre.Que son ideologie est fondee sur le racisme…Puis discours sur le Coran.J’en profite pour lui parler lecture.Peine perdue .Inquietant ceux qui ne lisent qu’un seul livre , fut-il saint .
Ce qui n’enleve rien a sa gentillesse et a cette tradition d’ accueil qu’on retrouve partout ici et que nous avons largement perdue en Europe.
Bus pour El Arish au nord du Sinai. Je veux si possible aller jusqu’a Rafah a la frontiere avec Gaza.Nous passons un immense pont suspendu qui enjambe le canal et …nous voisi en Asie .Le nord du Sinai est un desert de sable avec de temps en temps des palmiers, de rares arbres , des buissons , des dunes,des villages et des villes et une forte presence militaire .Postes statiques fortifies avec des blindes de couleur sable.
Mon voisin de bus est un Palestinien.Il parle autant d’anglais que moi d’arabe.Je lui montre mon cahier sur lequel il y a l’auto-collant d’ Adameer, l’organisation de soutien aux prisonniers Palestiniens et je lui cite les villes visitees en 2009 en Cisjordanie: Jericho , Ramallah, Naplouse,Jenine, Tulkarem…
Il me dit habiter Khan Younes et me propose d’y aller par un des nombreux tunels.Je suis partant sachant que je ne peux passer par la grande porte qui necessite une autorisation des Egyptiens conditionnee par une demarche prealable a l’Ambassade de France .Le cineaste qui a realise’ le film Gazastrophe m’a fait savoir- avant mon depart- que c’etait peine perdue .A El Arish nous prenons donc un « service » , taxi collectif pour Rafah , la ville qui s’etend des 2 cotes de la frontiere .Nous debarquons a 80m du portail et sommes assaillis par des porteurs puis on me propose le tunel a 100 dollars l’aller simple .Mon guide me fait comprendre qu’il va tout negocier de son cote’ et bientot un pick-up vient nous prendre avec sa marchandise , 4 gros ballots .Environ 4 km plus loin en direction de la mer arret chez des passeurs .Je laisse faire . la negaciation echoue . Plus loin nouvelles tractations et les passeurs font comprendre a mon guide qu’il faut telephoner au Hamas d’abord .Il pourrait avoir des ennuis en m’introduisant clandestinement.Bref le temps passe et tout echouera.Il me raccompagne au grand portail ou je trouverai un « service » pour El Arish.Il a 2 femmes et 10 enfants ! Je deleste un peu mon sac a dos de vetements , medicaments , couteaux de cuisine…Il m’embrasse et nous nous quittons.Une belle occasion manquee de peu .Avec les autres qui ne veulent que du fric je pense que ce serait une galere pour aller a l’hotel sans legalisation du sejour .
A part ca je n’ai pas vu de fusees Sam mais des camions lourdement charges de ciment !
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