De la liberté

lu sur Antifascistes Anarchistes Autonomes

La notion de liberté est assez difficile à définir quand on adopte une vision déterministe de l’être humain et qu’on balaye l’idée de libre arbitre, surtout grâce à une étude plus précise de sa psyché à travers la biologie comportementale et autres neurosciences.

La chimie apporte une dimension nouvelle au codage interne. Libérés par des neurones précis en des quantités qui dépendent du nombre d’impulsions, neurotransmetteurs et hormones prennent le relais à la fois du codage connexionnel et du codage par impulsions. Leur diffusion sur de grandes distances peut avoir lieu, mais, le plus souvent, reste confinée à l’espace synaptique. Ici le neurotransmetteur excitera, là il inhibera. Des calculs deviennent possibles, qui s’enchainent d’un neurone à l’autre. Cet ensemble d’observations et de réflexions conduit non seulement à prendre en compte les mécanismes internes du comportement, mais à adopter vis-à-vis d’eux un point de vue déterministe. Rien ne s’oppose plus désormais, sur le plan théorique, à ce que les conduites de l’homme soient décrites en termes d’activités neuronales.[1]

Pour répondre à ce problème, Henri Laborit donne une définition de la liberté qui me semble tout à fait cohérente. Il s’agit de la possibilité d’effectuer des actions gratifiantes sans entraves, ces dernières étant le moteur de tout être vivant et qui assurent leur survie.

Cependant nous pouvons acquérir une (très) relative “indépendance” vis à vis de ces déterminismes en prenant connaissance de leur existence et de l’impact de ces derniers sur notre conscience, et ce toujours dans l’optique de réaliser des actions gratifiantes et donc de préserver la continuité de l’individu et de l’espèce. Mais n’acquerrons pas pour autant de libre arbitre. La connaissance d’une partie de ces déterminismes ne nous permet pas de nous déterminer “librement” et par nous seuls et est elle-même déterminée.

En réalité, ce que l’on peut appeler ’liberté’, si vraiment nous tenons à conserver ce terme, c’est l’indépendance très relative que l’homme peut acquérir en découvrant, partiellement et progressivement, les lois du déterminisme universel. Il est alors capable, mais seulement alors, d’imaginer un moyen d’utiliser ces lois au mieux de sa survie, ce qui le fait pénétrer dans un autre déterminisme, d’un autre niveau d’organisation qu’il ignorait encore.[2]

Cette définition de la liberté entre-t-elle en contradiction avec ce à quoi aspirent les anarchistes? Pas du tout, même si certains s’accrochent désespérément à une vision idéaliste de la liberté, plaçant la conscience humaine au dessus de toute influence en ignorant les mécanismes qui la façonnent. Or, pas d’action efficace sur l’être humain sans connaitre ce qui fait l’être humain.
L’anarchie donc, n’est autre que cette société où tous ont accès au bonheur, à la réalisation d’actions gratifiantes et où la continuité de l’espèce, du genre humain, est assurée.
Elle est la plus haute expression de la liberté.

De la connaissance de nos déterminismes et du rôle de l’inconscient dans notre psyché à l’action de changement social, il n’y a qu’un pas.

Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent et tant que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici cela a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quoi que ce soit qui change.[3]

Il s’agit d’influer sur les déterminismes des autres dans l’optique d’établir une société dans laquelle le plus possible d’individus puissent réaliser des actions gratifiantes.
Et c’est là le rôle que je donne à la propagande par le fait.[4] C’est à dire agir dans l’optique de « modifier à notre échelle leur rapport au monde », d’agir sur l’inconscient, ce qui fait la conscience des individus, pour modeler des consciences révolutionnaires.

C’est parce que nous pouvons prendre connaissance de ce qui nous détermine que l’action sociale de changement est possible.

André Volt

[1] Jean-Pierre Changeux, L’Homme Neuronal

[2] Henri Laborit, Éloge de la fuite

[3] Henri Laborit, dans Mon oncle d’Amérique

[4] http://aaa12.noblogs.org/post/2013/09/26/comment-voir-la-propagande-par-le-fait-aujourdhui/

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