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Archives pour janvier 2016


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[Besançon] : Nos rêves sont leurs cauchemars !

(Communiqué de Séditions)

Depuis son lancement en mars 2015, le journal « Séditions » était mis à libre disposition de tous à la librairie « L’Autodidacte », lieu de passage, de rencontres et de diffusions des anarchistes à Besançon**. Un petit emplacement avait été obtenu – non sans avoir bataillé – avec plusieurs « responsables » du lieu, le groupe Proudhon de la Fédération Anarchiste. De tous les endroits fixes où l’on peut se procurer le journal, “L’Autodidacte” est le seul qui est tenu par des “anarchistes”. Et pourtant…

 

Ce samedi 9 janvier 2016, ces « libertaires », trop soucieux de garder leur image inoffensive contre le pouvoir et de saper toute agitation qui sort de leur rang, ont décidé d’expulser le journal et les anarchistes qui y participent. C’est un signe clair de dissociation à tous ceux pour qui la révolte n’attend pas et qui consacrent du temps et de l’énergie à diffuser les idées et pratiques anarchistes offensives contre l’Etat et le capital à Besançon et ailleurs.

Les militants du groupe Proudhon de la FA ont montré à tous que leur urgence était en somme la même que celle de l’Etat, c’est-à-dire de museler toute subversion contre ce monde, en cherchant à pacifier les rapports de domination et d’oppression. C’est une énième dissociation à l’encontre des idées et pratiques anarchistes, dont leur organisation est coutumière depuis longtemps.

Depuis bientôt un an, « Séditions » a pour but de décortiquer les plans macabres du pouvoir et de les mettre à la vue – et à la portée – de tous, de désigner ses structures diverses et variées afin de s’attaquer ici et maintenant à ce qui nous opprime et nous détruit. Cette volonté de diffuser la conflictualité sociale à travers chaque coup porté contre l’Etat et le capital part du principe que nous n’attendons pas le réveil d’une « masse » pour agir, que la révolution n’arrivera pas en claquant des doigts. Par ailleurs, ces brèves d’actions directes réchauffent les cœurs enragés de toutes âmes révoltées au sein d’une société atomisée par la pacification.

Nous continuerons quoi qu’il en soit à agir ici et maintenant contre toute domination ! Nous sommes parfaitement conscients que nous constituons une épine dans le pied de ces politiciens bien trop occupés à fantasmer une société libertaire, sans même jamais évoquer la question des moyens d’y parvenir.

Nous tirons désormais des conséquences positives de ces sinistres événements : nous sommes, plus que jamais, déterminés à poursuivre nos activités acrates, agitatrices, contre ce monde de misère et d’oppression !

A bientôt dans les rues ! Pour la révolution !

Des anarchistes participant au journal.

Notes :

*Détournement d’une affiche de la FA contre l’état d’urgence « Leurs rêves sont nos cauchemars ». En l’occurrence, nos rêves de liberté et d’autonomie ne sont en aucun cas compatibles avec leur démocratisme « autogestionnaire », leurs démarches citoyennes et « non-violentes ».

**Derrière leurs positions de façade selon lesquelles tous les anarchistes de diverses tendances sont les bienvenus dans cette librairie, on peut mentionner quelques faits dégueulasses réalisés par les militants du groupe Proudhon de ces dernières années : recollage d’affiches anarchistes collées par des autonomes, enlèvements et destructions d’affiches, d’autocollants et de brochures anarchistes mises en libre accès à la librairie. « L’Autodidacte » était encore il y a peu de temps l’un des rares lieux sur Besançon où des anarchistes d’autres villes passaient faire un tour, malgré le fait que plus le temps passe, moins il y a de places pour les revues et ouvrages anarchistes : à l’inverse, les revues altermondialistes et écolos-confusionnistes, éducationnistes (la plupart étant écrits par leur ponte national Hugues Lenoir, cf la brochure de Ravage Editions « Pour en finir avec la FA »), la propagande trotskiste et syndicaliste, les événements d’assoc’ humanitaires/religieuses ont toutes leurs places. En dépit d’un double discours, il s’agit donc bel et bien d’une « librairie associative », comme elle se présente. Ce texte a bien pour but de tirer un trait sur ce lieu et ne plus y mettre les pieds, d’inciter camarades et compagnons d’autres villes à faire de même. D’autres espaces naîtront d’ici là…

[Source :  Séditions.]

4 ans, Wissam on oublie pas !

lu sur JusticePourWissam

Le jour de l’an 2012, Wissam retrouve des amis d’enfance sur le parking de son quartier d’enfance. Des videos filmées à ce moment là permettent de connaître les personnes présentes et surtout de voir que Wissam portait une ceinture.

A une dizaine de mètres où des vidéos du jour de l’an le montre filmé, Wissam El Yamni jette une pierre sur un véhicule de police, il est 3h20 du matin.

Wissam El Yamni est interpellé rapidement selon les témoins à l’entrée parking de l’Ecole Jean De la Fontaine à Clermont-Ferrand. Selon la version policière, Wissam El Yamni aurait appelé la police par son téléphone avant de jeter une pierre. La partie civile est catégorique, la voix enregistrée avec un accent bien marqué ne correspond pas à celle de Wissam (qui est né à Clermont-Ferrand) ni même celles des personnes présentes qui l’entouraient.

Arrêté par surprise, par Arnaud P., le policier qui ne le quittera plus avant qu’il tombe dans le coma, il est menotté face contre terre, des policiers qui arriveront sur les lieux diront qu’il était calme.

Étonnamment, il n’est pas emmené directement au commissariat.

Certains témoins parlent pendant cet intervalle de temps d’un premier passage à tabac dans les 10 minutes qui suivent.

Beaucoup pensaient que c’était ce passage à tabac qui avait entrainé la mort. Version aujourd’hui peu plausible aux vues de l’ensemble des éléments judiciaires.

Il y avait 25 policiers, 2 policiers l’emmènent au commissariat, ce qui est la preuve qu’il était calme. Le policier qui l’a interpellé reste avec lui dans la banquette arrière, Arnaud P. n’aura pas la moindre égratignure.

Une autre voiture accompagne la voiture canine qui transporte Wissam.

Dans une seconde version, en raison de la disparition de la ceinture, beaucoup pensaient que la mort avait été pu provoqué par un étranglement ou un étouffement dans la voiture. Version aujourd’hui également peu plausible.

Arrivé au commissariat, plusieurs policiers affirment qu’il était encore conscient, un policier affirmera même qu’il parlait encore.

Selon la version policière simplement deux policiers le déposeront dans le couloir du commissariat où ils constateront qu’il est par magie tombé en arrêt cardiaque.

Selon une autre version, la version aujourd’hui la plus plausible, un autre passage à tabac avec les policiers de la voiture qui accompagnaient la voiture canine aurait eut lieu dans le couloir du commissariat entrainant le coma. C’est souvent à l’endroit où la victime meurt que le crime a lieu.

Arnaud P. apparaitra le visage jouissif dans une vidéo filmée dans la salle des geôles qui n’étaient pas pleines comme il était dit pour justifier qu’on l’avait laissé dans le couloir du commissariat (le pantalon au niveau des chevilles et sans ceinture).

Wissam est plongé dans le coma, en soins intensifs par des policiers qui étaient ce soir là, nuit de la Saint-Sylvestre censés le protéger des autres et surtout de lui même.

Une analyse toxicologique est effectuée, elle montre des traces de cocaïne, ces traces suffisent à justifier selon la version policière qu’il était sous emprise de drogues au moment de l’interpellation. Les parties civiles soulignant dès le début que les taux sont très faibles et ne peuvent pas expliquer son traitement ni même son état. La force strictement nécessaire ne peut pas tenir.

Pendant qu’il est toujours dans le coma, le capitaine de la police judiciaire vient prendre des photos qu’il mettra, lui ou un autre, dans un procès verbal daté du 1er janvier. Ces photos seront remplacées par d’autres dans les jours qui suivent, toujours dans le procès verbal du 1er janvier.

L’équipe médicale prend également des photos le 2 janvier.

La famille prend des photos les jours suivant.

Pendant que Wissam est dans le coma, la police revient prendre de nouvelles photos avant qu’il décède.

Wissam, décèdera 9 jours plus tard, le 9 janvier.

Une autopsie est effectuée dans la foulé à Saint-Etienne, sans le dossier médical, sans les photos du 1er janvier, Wissam est autopsié comme s’il venait de mourir.

Entre temps, nous faisons connaissance du dossier judiciaire. La police des polices conclue, qu’il n’y a pas de violences dans le parking du commissariat malgré les nombreux témoins et alors que c’est une évidence. Il n’est peut être pas mort dans le parking mais il est peu probable qu’il n’est pas subi de violences. La police des polices cherche à imposer une mort par pliage dans la voiture préférant croire à la version d’un seul policier, préférant surtout croire une version qui a le mérite d’éviter une cause de la mort beaucoup moins acceptable par l’opinion publique. Il n’y avait dans le dossier que des photos en noir et blanc très mal photocopiées d’un visage dont on ne voit rien. A ce moment là nous ne pouvons pas douter de la sincérité du capitaine de la police judiciaire.

La police n’effleure pas la possibilité d’un autre passage à tabac dans le couloir du commissariat alors que cette version nous apparaît comme celle qui doit être privilégiée.

Mi janvier 2012, le médecin légiste rend un pré-rapport d’autopsie, celui-ci ne mentionne aucune fracture alors qu’elles étaient rendues publiques. S’il réfute la mort d’origine cardiaque en raison d’absence de lésion cardiaque et du faible taux de drogues trouvé, il affirme qu’une excroissance osseuse aurait pu accélérer une mort par pliage. La version du pliage ne repose que sur la version d’un policier, elle sera contredite par les autres médecins légistes.

Pendant ce temps, Wissam est en attente d’inhumation, son corps n’est pas conservé dans le froid.

La justice joue dès le départ la montre.

La version du pliage est retenue jusqu’au rapport final en Mars 2012. Les parties civiles demandent dans le bureau de la juge une contre-autopsie, l’autopsie n’a pas été réalisé avec le dossier médical (radios, scanners, constations médicales du 1er janvier).

Lors de cette rencontre nous voyons les originaux en couleur des photos placées dans un procès verbal du 1er janvier, on comprend alors qu’il s’agissait en réalité des secondes photos prises lors de leur deuxième venue alors qu’il était dans le coma et remplacées dans les quelques jours d’après dans le procès verbal du 1er janvier. On donne directement instantanément les photos que l’on a prises après le 3 janvier par la famille où Wissam est plus marqué que sur les photos censées être prises le 1er janvier. Tout le monde comprend alors à ce moment là que le dossier a été ficelé et les photos ont clairement été antidatées.

Toujours en Mai 2012, la justice refuse de réaliser une contre-autopsie, le corps de Wissam n’est toujours pas inhumé depuis le 1er janvier, elle demande un complément d’expertise avant une contre-autopsie avec cette fois le dossier médical. Le but est clairement de donner au médecin légiste de Saint-Etienne une chance de se rattraper. La juge qui n’est pas malhonnête pourtant est clairement le dindon de la farce.

En juin 2012, à la suite du complément d’expertise du médecin légiste de Saint-Etienne, le corps de Wissam en putréfaction est envoyé pour une contre-autopsie à Poitiers. L’état du corps rend impossible une contre-autopsie réelle, elle est faite sur dossier. Il est ensuite enterré 6 mois après sa mort.

Le médecin légiste de Saint Etienne change de version, 3 fractures réapparaissent comme par magie, pas toutes. Il s’agit désormais d’une mort d’origine toxique et un allongement du temps de QT dans les tracés cardiologiques prises pendant qu’il était en soins intensifs, en serait la preuve. Il ne croit pas plus en la version du pliage qu’il a pourtant avancé le premier.

Le médecin légiste de Saint-Etienne n’est pas connu comme un étant malhonnête, il n’a pas lieu de douter de sa malhonnêté, il a bâclé son autopsie ou a été influencé. Le fait qu’il dise qu’il n’y a aucune lésion cardiaque semblerait prouver son honnêteté. Il lui aurait suffi de dire qu’il y a des lésions cardiaques et la thèse d’une mort subite aurait pu être légitime.

Entre temps nous apprenons par l’hôpital l’existence des photos prises par les médecins le 2 janvier, photos que la police des polices n’a pas récupéré avec le dossier médical, elles sont jointes au dossier et confirment ce que nous disions au juge, c’est à dire que les photos annexées au 1er janvier dans le procès verbal du capitaine judiciaire ne peuvent pas être du 1er janvier.

Où sont donc passées les premières photos du 1er Janvier ? Aujourd’hui encore nous ne le savons pas.

Nous demandons alors un acte judiciaire : que l’on date les photos numériques. Cet acte nous est refusé par le premier juge d’instruction, elle accorde une confiance aveugle dans un capitaine judiciaire qui lui ment pourtant.

En Septembre 2012, vu le refus de la juge d’instruction de dater ces photos, et face aux évidences, nous saisissons la chambre d’instruction. Celle-ci, alors honnête, demande une expertise technique sur l’appareil photo et l’ordinateur du capitaine judiciaire.

Le policier de la police des polices qui a dédouané les policiers avant toute autopsie s’auto-administrera la commission rogatoire qui doit mener à l’expertise technique. Alors qu’il n’a rien d’un expert, il fera lui même cette expertise et il dira dans un verbiage extraordinaire que les photos du 1 er janvier sont bien du 1 er janvier.

La 3eme juge d’instruction, beaucoup moins naïve, beaucoup plus intelligente et beaucoup plus honnête relèvera, qu’il n’avait pas à faire cette expertise n’étant pas un expert technique, et étant surtout juge et partie.

Une autre expertise technique sera ordonnée celle-ci révélera que l’ordinateur et l’appareil photo ont été formaté en février 2013, c’est à dire après la demande de les analyser et avant son expertise technique.

En avril 2013, les résultats de la contre-autopsie tombent. Nous connaitrons le rapport une semaine après que les conclusions (qui s’avéront erronées) soient rendues public. Il reprend la version d’une mort toxique donnée dans la seconde version du rapport du médecin légiste de Saint-Etienne. Les fractures seraient toutes anciennes, les marques au cou causées par des frottements de vêtements, il aurait été en plus, au moment de l’interpellation sous l’emprise de la cocaïne. Un cocktail dangereux de coca-éthylène, mélange explosif d’alcool et de cocaïne, ça fait peur… (Sauf que les policiers n’ont pas la moindre égratignure et que celui qui est tombé dans le coma c’est Wissam). Là aussi, selon le médecin légiste de Poitiers, l’allongement du temps de QT dans les électrocardiogrammes en seraient la preuve. Le nombre de mensonges dans ce rapport est impressionnant. Le médecin légiste va jusqu’à justifier de prendre les photos les plus proches des évènements pour analyser les blessures et faire deux lignes plus loin de contraire, analyser les photos à partir des photos les plus éloignées de ces évènements. Il est clairement malhonnête, il triche sans vergogne dans son argumentation à plusieurs reprises.

Une expertise de cardiologie indépendante réalisée en 15 jours seulement prouvera qu’il n’y a aucune anomalie cardiaque. Beaucoup de médicaments administrés peuvent influer sur l’espace QT et notamment l’ERYTROMYCINE. Cette influence de l’hypothermie explique parfaitement le début des troubles électriques sur le premier électrocardiogramme à 9h32, deux heures seulement après sa mise en place, sa majoration à 21h08 au maximum de l’effet hypothermique et sa normalisation le 3 janvier alors que l’hypothermie est suspendue depuis 24h. La concordance entre allongement du QT et l’onde J d’Osborn, leur présence, leur majoration et leur disparition renforcent le lien entre l’allongement entre le QT et le traitement thérapeutique et non pas avec la drogue.

Le médecin légiste de Poitiers avait préféré prendre comme expert cardiologue, un gériatre qui avait dit publiquement en décembre 2003 dans le magasine du CHU Poitiers «Si le patient est en bonne santé intellectuelle et physique et ne présente qu’ une pathologie, par exemple un infarctus, il relève de la cardiologie et non de notre filière».

Suite à ces observations, une autre expertise est demandée, cette fois 3 experts judiciaires doivent rendre un rapport.

Ce rapport tombera non pas 15 jours après comme systématiquement dans nos expertises indépendantes mais près de deux ans après la précédente. Ce rapport contredit la version du temps de QT avec les mêmes arguments que l’expertise indépendante de cardiologie. Les fractures qui étaient inexistantes pour un premier médecin légiste, puis réapparues comme par magie dans un second rapport, puis antérieures aux événements pour un deuxième médecin légiste, sont pour le troisième médecin légiste, accidentelles : la conséquence de chutes. Les scanners, les radios, les constations médicales du 1er janvier ne sont pas utilisées pour décrire les blessures alors qu’elles permettraient de savoir beaucoup plus de choses. Les fractures aux côtes, certifiées par les premiers médecins et le procureur à l’époque des faits, n’existent plus. La mort par coup n’est même pas envisagée alors que l’on sait qu’une fracture du plancher orbital peut provoquer un coma et alors que la conclusion de nombreux médias sera « les experts excluent une mort par des coups » (rien ne permet d’affirmer que la fracture du plancher orbital ne soit pas arrivée lors de l’interpellation). On nous dit que les marques au cou qui étaient des frottements de vêtements dans les précédentes autopsies (les photos n’étaient pas alors rendues publiques), sont compatibles désormais avec des prises digitales lors de l’interpellation alors que les policiers affirment qu’à aucun moment les policiers ne lui touchent le cou. Les versions des témoins de l’arrestation et des autres policiers ne valident pas cette hypothèse, elles l’infirment. Les experts concluent ensuite sans démonstration que la drogue a pu provoquer un arrêt cardiaque alors que l’ensemble des éléments de l’autopsie ainsi que les analyses prouvent le contraire. Ce rapport d’expertise affirme sans démontrer, ni justifier. Il faut croire des experts parce qu’il s’agit d’experts. Force est de constater qu’il n’y a aucun argument scientifique, aucune source scientifique qui permettrait d’appuyer cet argumentaire dans le rapport d’expertise.

Quelqu’un disait : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément. »

Il suffirait alors d’avoir des traces de drogues pour mourir de drogues, qui peut le croire ?

[justice_pour_wissam]

[29 et 30 janvier] : Journées Libertaires à Clermont Ferrand

Salut à toutes et tous,

Le vendredi 29 et le samedi 30 janvier, Journées Libertaires !
 
Au programme :
Vendredi 29, 20h:  Biologie des comportements et phénomènes de domination dans les groupes. Atelier d’éducation populaire autour des études d’Henri Laborit. A quoi ça sert un cerveau ?  Zoom sur les origines biologiques des phénomènes de domination dans la société et au sein des groupes (fussent-ils révolutionnaires). Outils collectifs pour combattre ces phénomènes. Animé par un compagnon.
 

Samedi 30, 14h:  Présentation du livre « Comment Peut-On Être Anarchiste ?» de Claude Guillon (Éditions Libertalia)

Comment et pourquoi être anarchiste, dans un siècle qui se vante d’avoir écarté le spectre révolutionnaire ? D’abord en mettant à la disposition de toutes et tous une pensée -et une écriture radicale- mordante, optimiste et jouissive. En présence de l’auteur, qui a également écrit « Suicide, Mode d’Emploi » (1982) « Deux enragés de la Révolution, Leclerc de Lyon et Pauline Léon » (La Digitale 1993), « La Terrorisation Démocratique » (Libertalia, 2009) » 

 https://lignesdeforce.wordpress.com/

Si vous souhaitez lire le livre avant la rencontre avec l’auteur, contactez nous, un stock a été commandé.

Samedi 30, 20h: Antisémitisme ? Antisionisme ? Différences fondamentales et passerelles (in)volontaires

Atelier pédagogique autour de la question de l’antisémitisme, y compris au sein du mouvement révolutionnaire. A partir des définitions fournies par les participant-es de cet atelier et de citations dont il vous faudra deviner la provenance politique, il s’agira d’avancer un petit peu dans la compréhension de ces sujets passionnels…

Animé par Yves Coleman, animateur de la revue « Ni Patries Ni Frontières »

http://mondialisme.org/

Toutes les discussions auront lieu au café lecture Les Augustes, 5 rue Sous les Augustins.

Salutations anarchistes

3°

[Italie] : Un point sur la lutte contre la machine à expulser dans les Pouilles, la répression et la solidarité

Après une manif de solidarité devant le CIE [1] de Brindisi – Restinco, trois compagnons de Lecce ont été arrêtés sur des accusations de « résistance à agents » et de « manifestation non-autorisée ». Ils sont désormais sous assignation à résidence. [Mise à jour au 13 janvier : Les trois compagnons ne sont plus aux arrestations domiciliaires, mais assignés à résidence dans la commune, avec l’interdiction de sortir de chez eux la nuit ; NdNF]

Ci-dessous le tract distribué pendant la manif’ qui a eu lieu le 10 janvier dans le centre-ville de Lecce en solidarité avec les personnes arrêtées :


Depuis début octobre 2015, dans le quartier de ‘Restinco’ à Brindisi, un CIE est de nouveau ouvert après que plusieurs révoltes de ceux qui y étaient enfermés l’ai rendu inutilisable.

Les CIE sont de véritables camps dans lesquels sont enfermés des migrants sans-papiers. La vie dans un CIE est constituée de harcèlements des militaires et des policiers, et de gros bénéfices pour les organismes qui les gèrent : dans le cas de Restinco, c’est Auxilium Società Cooperativa Sociale [2].

Depuis la réouverture du centre, des compagnons allaient régulièrement devant ses murs pour apporter de la solidarité aux retenus. Après de multiples détentions par la police, trois d’entre eux ont été arrêtés samedi 9 janvier, poursuivis pour « manifestation non-autorisée » et « résistance à agents de police ». Nous réaffirmons que le but principal de la répression est de s’assurer que ce camp reste un lieu de ségrégation totalement isolé et inconnu du plus grand nombre.

Qui est indifférent est complice de ces camps.

Contre les frontières, liberté pour tous, feu aux CIE !!

[Traduit de l’italien d’Informa-azione par Le Chat Noir Émeutier.]


Lecce : attaque contre la machine à expulser

Lecce [13 janvier ; NdT] – nous avons détruit deux distributeurs de billets de La Poste italienne, entreprise qui déporte les immigrés des centres de rétention avec sa compagnie aérienne Air Mistral.

Liberté pour ceux qui luttent dans et hors des centres de rétention
Liberté pour tous

[Traduit de l’italien d’Informa-azione par Brèves du désordre.]


Turin : attaque contre la machine à expulser

15 janvier : pendant la nuit, les DABs des quatre agences de La Poste sont mis hors service. Sur les murs des agences, des tags sont posés : certains en solidarité avec ceux qui luttent contre les CIE, d’autres contre Mistral Air, compagnie aérienne appartenant au Groupe Poste Italiane, qui effectue les déportations de sans-papiers.

[Traduit de l’italien par nos soins de Macerie.]


Au fond des yeux

Deux fils, indissolubles et antithétiques, relient des faits et des personnes apparemment lointaines : la guerre et la liberté. Une femme somalienne, morte pendant sont débarquement dans le sud du Salento [dans la région des Pouilles, en Italie ; NdT] est l’énième victime de la guerre totale que le Capital a déclaré contre l’humanité, contre cette partie de l’humanité sur l’exploitation et la souffrance de laquelle il fonde son processus d’accumulation. Partie pour essayer de fuir des conditions de misère, cette femme, comme des millions d’autres êtres humains, est allée à la recherche de sa liberté, qu’elle pensait pouvoir trouver dans cette région du monde où vivent les plus gros responsables des causes qui l’ont obligée à fuir.

Cependant, au moment où elle pensait entrevoir une possibilité, les conditions de la guerre l’ont encore rattrapée, dans les eaux à quelques kilométrés de la côte.
D’autres ont eu plus de chance, apparemment du moins… Arrivés sains et saufs sur la terre ferme, ils pensaient pouvoir satisfaire leur désir de liberté, pour s’apercevoir qu’ils n’ont trouvés, dans le riche Occident, que des conditions d’exploitation et de misère semblables à celles qu’ils avaient abandonné, faites d’exploitation salariale brutale, discrimination, répression… Certains d’entre eux, les plus pauvres parmi les pauvres, à un tel pont qu’ils n’ont même pas les qualités nécessaires pour obtenir un bout de papier qui leur permette de circuler sans devoir se cacher, ont rencontré les camps des modernes démocraties occidentales : les CIE, Centres d’Identification et d’Expulsion. C’est ainsi qu’un langage qui se veut de plus en plus neutre, afin de cacher la brutalité de ses significations, appelle les centres d’internement, en Italie.

Fruit nocif de toute guerre, ces camps n’ont jamais supprimé les aspirations à la liberté des personnes internées, qui, depuis le moment de leur ouverture en 1998 jusqu’à aujourd’hui, ont donné lieu à une série infinie d’évasions, révoltes et destructions, jusqu’à mettre en doute leur existence et leur fonction. Cependant, la tache de détruire ces lieux de l’abomination n’appartient pas seulement à ceux qui y sont enfermés, mais à quiconque haït la guerre et aime la liberté. C’est celle-ci la raison qui a poussé trois manifestants à aller devant les murs du CIE de Brindisi-Restinco, il y a quelques jours, ce pour quoi ils ont été mis d’abord aux arrestations domiciliaires, puis assignés à résidence.

La lutte pour la liberté concerne tous ceux qui sont les victimes de la guerre menée par le Capital et les États qui le servent, une guerre que tous les exploités vivent chaque jour sur leur peau, obligés de fuir des lieux où ils vivent, ou condamnés à survire dans des conditions de misère et d’exploitation dans la partie riche du monde, qui vit d’une richesse toujours plus accumulée par peu de gens au dépit du plus grand nombre. Le fait de défendre la misère des petits privilèges qui nous différencient de ceux qui sont plus pauvres que nous est une des pilules les plus amère que le capitalisme veut nous faire avaler, jusqu’à renier non seulement la solidarité, mais aussi la conscience humaine.

Dans les yeux de ceux qui traversent la mer nous ne devons pas voir, comme le voudraient presse et politiciens, l’ennemi dont nous devrions nous défendre ou le concurrent dont nous devrions nous protéger, mais bien les exploités dans lesquels nous pouvons nous reconnaître. telle est la vrai peur qu’instille en nous l’immigré, le sans-papier, l’ « autre » en général : la peur de reconnaître en lui les mêmes conditions d’exploitation que nous vivons jour après jour. En prendre conscience signifierait, simplement, reconnaître aussi un ennemi commun et cela est le premier pas à faire pour comprendre de quelle coté se ranger. Telle est la plus grande peur de ceux qui nous gouvernent, qui alimentent la guerre entre les pauvres.

Quelques ennemis de toute frontière
15 janvier 2016

[Traduit de l’italien par nos soins de Finimondo.]

Notes

[1] Centre d’Identification et d’Expulsion pour sans-papiers, l’équivalent des CRA français ; NdNF

[2] Sur son site, cet organisme humanitaire se présente ainsi : « Auxilium Società Cooperativa Sociale gère et développe des services sanitaires et d’assistance sociale et éducative, promouvant l’humain et l’intégration sociale… » ; NdT

Source: nonfides

[Fontainebleau] : la seule église qui illumine est celle qui brûle

(valable pour tous les autres lieux de culte)

 

Fontainebleau : le mystère plane autour de l’incendie de l’église Saint-Louis

Le Parisien | 12 Janv. 2016, 09h20 (extrait)

« Nous allons organiser une messe dite de réparation, dimanche 17 janvier à 10 h 30, en présence de Mgr Jean-Yves Nahmias, l’évêque du diocèse de Meaux dont dépend la paroisse de Fontainebleau. On procède toujours de cette façon quand il y a une profanation », confie le père José Antonini, curé du pôle missionnaire de Fontainebleau.

Le prêtre est encore sous le choc du terrible incendie criminel qui s’est produit dimanche matin à l’intérieur de l’église Saint-Louis, à l’angle de la rue grande et de la rue de la Paroisse, en plein cœur de la cité impériale. « On sait maintenant que les trois foyers d’incendie ont été déclenchés vers 3 heures du matin, dans la nuit de samedi à dimanche. Les vandales ont pénétré dans l’église mais il n’y a pas eu d’effraction et samedi soir il n’y a pas eu de messe, alors c’est un mystère », s’interroge le père José Antonini.

Dès dimanche, le préfet de Seine-et-Marne, Jean-Luc Marx, lançait un appel à une « vigilance accrue » et demandait dès dimanche matin « le renforcement des patrouilles des forces de l’ordre devant les lieux de culte ».

Rappelons que trois petits bûchers ont été installés par un ou plusieurs vandales, à trois endroits différents de l’église. Tout d’abord dans la chapelle de Franchard, située à l’arrière du chœur. « On y avait changé les vitraux voilà un an et ils ont été abîmés. L’autel du XVIIe siècle, provenant du château de Fontainebleau a été brûlé, ainsi que le retable. Enfin, une statue de la vierge à l’enfant du XIVe siècle, provenant de Notre Dame de Franchard a brûlé ou a été volée, car on n’en retrouve aucune trace. Cet objet était classé aux Monuments historiques », souligne le curé du pôle missionnaire de Fontainebleau.

«  Le deuxième départ de feu a été provoqué dans la chapelle Saint-Joseph, située au fond à droite, où il y a aussi beaucoup de dégâts. Et un troisième feu a pris à un mètre de l’autel principal  », conclut le curé bellifontain.

Le père José Antonini dénonce des faits encore plus graves. « Les profanateurs ont défoncé le tabernacle, volé le ciboire et répandu les hosties sur le sol. De plus, ils ont volé les deux enfants Jésus des deux crèches. C’est vraiment le symbole de la religion catholique qui est touché. »


Incendie de l’église de Fontainebleau : un SDF placé en garde à vue

Le Parisien | 12 Janv. 2016, 10h27

L’enquête avance après le terrible incendie criminel qui s’est produit dimanche matin à l’intérieur de l’église Saint-Louis, à Fontainebleau (Seine-et-Marne). Un homme de 49 ans, sans abri, a été placé en garde à vue lundi après-midi à l’antenne de police judiciaire de Melun. D’après le procureur de la République à Fontainebleau, Guillaume Lescaux, « cette personne, entendue depuis ce lundi, 16 h 20, nie les faits. Les policiers sont chargés de vérifier son emploi du temps ».

Comme le soulignait déjà notre journal, l’hypothèse était évoquée dès dimanche dans les coulisses de la paroisse, alors qu’une plainte avait été déposée au commissariat de police de Fontainebleau juste avant Noël, après diverses altercations entre ce marginal, pris en charge socialement par la paroisse de Fontainebleau, et le père José Antonini.

L’homme sera auditionné par le procureur ce mardi après midi qui décidera, le cas échéant, de prolonger ou pas la garde à vue du suspect. A l’église Saint-Louis, de nouveaux relevés scientifiques vont par ailleurs être effectués par le laboratoire de police scientifique de la préfecture de police de Paris.

Trois foyers d’incendie avaient été allumés dans l’église vers 3 heures du matin dimanche, provoquant des dégâts matériels, dont du mobilier historique classé. De petits bûchers avec des meubles avaient été réalisés pour permettre aux flammes de se propager. Un autel du XVIE siècle a entièrement brûlé, la statue de Notre-Dame-de-Franchard, qui date du XIVe siècle, a disparu, des hosties consacrées jetées sur le sol. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, qui s’est déplacé lundi sur les lieux, s’est dit « choqué ».

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Source :  cettesemaine

Chers révolutionnaires, entre le sacré et le profane, il faut choisir

J’ai lu une histoire sur un certain Wang Rong, qui habitait la Chine morcelée du troisième siècle. Étant un ministre et un grand propriétaire, Rong fréquentait les milieux chics des nihilistes plus ou moins inconséquents du Nord, notamment les Sept Sages de la forêt de bambous, qui se réunissaient pour éviter la réalité mondaine de l’époque. Une fois, un autre sage de la forêt, plus âgé, un peu plus conséquent, qui s’appelait Yuan Ji, l’engueula en criant : « Ce manant vient-il de nouveau gâter les idées de l’homme ? » Wang Rong, pas du tout déconcerté, lui répondit : « C’est si facile que cela de gâter vos idées, Monsieur ? »

 

Depuis les attentats djihadistes du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis, dans les milieux dits anti-autoritaires, toute critique de la religion incluant explicitement l’islam, est perçue comme gâtant les idées prétendument libertaires. En fait le sujet est devenu si chaud que toute mention du motif religieux des attaques est devenue sacrilège, sous peine de se faire étiqueter comme « raciste » et « islamophobe » – le dernier mot n’étant guère précis, donc parfait pour toute utilisation idéologique. Au nom de la lutte contre l’islamophobie, un site prétendument open publishing a banni les articles venant de sources ou de personnes différentes [1] qui se sont exprimés, entre autre, sur l’aspect religieux de Daesh et des autres islamistes. Un site qui, d’ailleurs, ne trouve pas que le mot « philosémitisme » gâte trop les idées de l’homme, mais la critique de l’islam dans le cadre général de l’anti-théisme, oui.

Soyons clairs, il ne s’agit point de se justifier face aux méthodes d’Indymedia Nantes. Je suis convaincu qu’il est mieux d’affirmer nos différences irréconciliables malgré la revendication à la fois commune et de plus en plus confuse des idées libertaires. Permettez-moi donc de « me situer », comme on dit aujourd’hui : non, l’islamophobie n’est pas une forme de racisme, parce que l’islam n’est pas une « race », et sa défense au nom de l’anti-racisme vaut l’amalgame si cher à l’extrême droite qui met dans le même panier les maghrébins, les arabes et les musulmans ; non, l’islam n’a pas la particularité d’être pratiqué par « des pauvres », parce que chaque religion, même lorsqu’elle se trouve stigmatisée, joue son rôle historique : pacification sociale et divisions entre les pauvres ; non, il n’y a pas de rapport de cause à effet direct entre la politique « impérialiste » des pays occidentaux et l’islamisme, pas plus qu’entre la misère produite par le capital et le nationalisme.

D’ailleurs, à quoi bon rappeler que la majorité des musulmans ne sont pas arabes ? À quoi bon rappeler que chaque religion, à un moment ou un autre de l’histoire, a remplit sa fonction fondamentale de pacificatrice sociale ? À quoi bon rappeler les exemples d’individus athées, irréligieux, même rebelles et opposés au Dieu qui leur était imposé, qui sont nombreux dans les pays et les « communautés » dits musulmans ? Un goût de réalité, ça pourrait faire du bien, mais ce n’est pas à moi de le fournir à ceux et celles qui préfèrent garder les yeux fermés.

Il ne s’agit pas de convaincre quiconque met en avant l’appartenance largement prétendue à une « race » ou une culture par rapport à l’individualité. Oui, je dis bien nous, parce que je me reconnais avec celles et ceux pour qui la domination ne se définit pas en fonction d’une quelconque origine, mais par le fait de dominer, de détenir le pouvoir pour déterminer notre sort. Il y en a de toutes les couleurs, venant de tous les coins de monde – passez un peu de temps hors de la fac (ou offline) pour vérifier.

Il s’agit de se rappeler que même si le poids mort de la religion a cessé de peser sur certains dos grâce en partie aux révoltes des générations précédentes, il n’en va pas de même pour d’autres qui cherchent du réconfort, empêtrés dans les fils de la religion, la tradition et la famille. Et pour ceux et celles qui défendent et/ou banalisent les religions, qu’elles qu’en soient les raisons – foi, tolérance, traditionalismes de tout poil, libéralisme ou posture libertaire impossible – la place leur est bien réservée à côté de ces dernières. Car malgré les propos « anti-islamophobes », tout simplement incroyables, par rapport aux individus issus des cultures dites [2] musulmanes, il y en a qui se révoltent d’une manière ou d’une autre contre cette triade de la coercition de base. Mais, entre l’attitude de révolte et l’attitude conservatrice, on choisit laquelle ?

Vous avez bien le choix de banaliser l’islam en France ou en Belgique, le christianisme en Irlande, le Falun Gong en Chine, l’alévisme en Turquie ou n’importe quelle autre « religion des pauvres » de ce monde, et il y en a suffisamment pour chaque groupuscule gauchisant, mais moi, je vous tiendrai responsable pour tous les ami(e)s et compagnon(e)s écrasé(e)s par le poids de la tradition que vous voulez si ardemment défendre.

Le problème, ce n’est pas les croyants, mais bien la religion

Le plus grand mensonge des pseudo-libertaires populistes d’aujourd’hui, c’est qu’on n’a que le choix entre être avec ou contre les croyants. Que lorsqu’on crache sur les dieux de certains, on crache sur ceux et celles qui y croient. Si le mot « croyant » épuisait l’entièreté d’un individu, si cet individu n’était rien d’autre que sa croyance, alors ils auraient bien raison : on n’aurait rien à discuter et rien à faire avec des fous de Dieu. Mais au-delà des opérations idéologiques, la croyance n’est en règle générale qu’une qualité parmi d’autres, et c’est pour cette raison que le fait d’être contre la religion n’implique pas a priori l’hostilité envers les croyants : parce que souvent un individu est beaucoup plus que sa croyance, et parfois ses autres qualités vont à l’encontre de sa piété.

Avec le plus de paternalisme possible, les chevaliers défenseurs des « croyants » nous expliquent que ceux et celles qui sont issus des cultures dites musulmanes n’ont toujours pas fait une critique radicale de la religion [3]. De tels propos aplatis, réduisent non seulement les individus à leur croyance et ne leur laisse rien d’autre, mais aussi les traitent comme une masse homogène sans aucune saveur humaine (vous me pardonnerez l’ampleur de l’expression, mais je trouve cela tout simplement raciste). Ce qui ne se voit pas à travers les lunettes de l’idéologie, c’est que lorsqu’il s’agit de groupes de gens, il s’agit bien des individus qui les forment. Et les individus, vous voyez, c’est compliqué. Parce qu’on ne sait pas ce qu’ils pensent au-delà des déclarations de ceux et celles qui disent les représenter [4]. Parce que sous toutes les données statistiques il y a une couche de mystère qui ne dit rien des attitudes, intentions et pratiques des gens. En plus, on ne voit pas trop la question « Est-ce que vous voudriez subvertir les conditions de votre existence ? » dans les sondages sociologiques, donc il nous faut aller poser les questions provocantes par nous-mêmes. Ce que les pseudo-libertaires pieux n’ont évidemment pas fait.

Parce que oui, je vous jure, il y a des croyants qui sont capables de questionner leur foi. Dans ma vie assez courte j’en ai croisé beaucoup, dont certain(e)s ont même renié certaines de leurs attitudes et/ou pratiques après de longues conversations nocturnes. D’autres ont renié la religion tout court. D’autres encore ont maintenu leurs attitudes réactionnaires, y compris envers les femmes et les homosexuels entre autre, et ont rompu toute relation après que je me sois exprimé sur ces sujets-là. Je dois admettre qu’il est un peu déconcertant de devoir rappeler que ces « musulmans » sont bien capables de penser.

Lorsqu’on me dit « musulman », je ne vois pas une masse de croyants. Je vois un mec qui boit une bière et le cache à son meilleur pote ; je vois une jeune femme qui économise depuis des années pour aller dans un pays où elle peut enlever le voile ; je vois un fils d’imam qui est obligé de quitter sa ville natale parce qu’il a renié les croyances de son père ; je vois un homme âgé qui se demande depuis l’enfance : « Si Dieu existe, pourquoi est-il aussi cruel ? » J’en vois aussi beaucoup qui sont indifférent(e)s à la religion ou qui se disent athées mais se taisent à cause des pressions légales et/ou communautaires.

La vie dans une communauté où la religion joue un rôle décisif équivaut, pour beaucoup, à une route, comme disait Hegel, de doute et de désespoir. C’est une mascarade perpétuelle face aux voisins, à la famille, et souvent, n’oublions pas, la loi (plus d’une vingtaine de pays ont des lois punissant l’apostasie, dont pas mal de peine de mort, et beaucoup se servent du plus vague terme de « blasphème », dont plusieurs en Europe). On est souvent déchiquetés par des contradictions avec lesquelles certain(e)s continuent d’avancer à perpétuité, parce que s’exprimer à voix haute a pour conséquence de se faire ostraciser – ce qui n’empêche pas certains individus courageux de le faire quand-même. Ce sont des contradictions qui, des fois, amènent les croyants à renoncer à leurs croyances et à la servitude volontaire qui va avec. Il arrive qu’elles les poussent à développer une attitude de révolte contre certains aspects de la religion sans la mettre toute entière en cause. Je pense que ces révoltes en actes et en pensée, même partielles, méritent notre attention. Je trouve qu’il est très important d’y contribuer avec notre critique, de parler avec ceux et celles qui cherchent de l’air et à faire l’effort d’étendre la critique à la totalité du monde autoritaire et marchand. Ceci non seulement pour propager nos idées et propositions, mais aussi pour s’inspirer du courage exigé, par exemple, pour dénoncer sa religion dans certains contextes étroitement communautaires.

Par contre, se solidariser avec les croyants largement prétendus et tenir des propos aplatis sur les individus « originaires » (première, deuxième, troisième, quatrième génération…) des pays musulmans, c’est réduire ces mêmes individus à leur croyance prétendue et ne leur laisser rien d’autre. Mais, pire, c’est aussi se positionner du côté de la réaction, étouffer ceux et celles qui chérissent et, des fois, manifestent la révolte contre le poids mort de la religion – la révolte qui surgit ici et là, même au sein des communautés les plus stigmatisées du monde.

Je n’aime pas la logique des camps. Je ne crois pas qu’il y ait des révoltés d’un côté et la réaction de l’autre, parce que la réalité est beaucoup plus compliquée que ça. Mais lorsqu’il y a la révolte, il faut choisir, au moins pour toutes celles et ceux qui portent le moindre sentiment révolutionnaire.

Religion des misérables, religion de la misère

Le seul reproche qu’on puisse cependant accorder aux pseudo-libertaires en question, c’est que l’athéisme ne suffit pas. Il y a bien des États sans Dieu, et même les théocraties ne se fondent pas que sur le statut céleste de leur pouvoir. Mais par quel sport de syllogisme est-ce qu’on est arrivés au constat que, l’athéisme ne suffisant pas, Dieu est désormais tolérable ? Par quelle gymnastique sémantique l’État laïc est il devenu la seule alternative possible au délire religieux ?

Un des rares mérites philosophiques de Marx est le constat que la critique de la religion est la forme préalable de toute critique. Toutefois, cela n’a rien à voir avec la laïcité d’État (parce qu’il n’y a pas d’autre laïcité que celle d’État). Je ne donne aucune concession à la République et, pour cette raison, je trouve la critique de la religion fondamentale.

Il n’est qu’un signe de pauvreté intellectuelle de notre temps que l’anti-théisme de Bakounine ou Reclus soit mit dans le même panier que Dawkins ou Hitchens [5]. Qu’est-ce qu’il y a en commun entre l’idée d’émancipation humaine et les preuves scientifiques de l’impossibilité de transformer l’eau en vin, ou bien le choc des civilisations ? Très peu, pour être juste. Rappelons-nous que la base de toute critique révolutionnaire de la religion est l’idée qu’elle maintient la misère sur cette terre. On ne se concerne pas du développement intellectuel de l’espèce humaine, on ne se concerne pas du progrès, parce que me concernant, chacun peut être aussi imbécile qu’il le souhaite. On se concerne, par contre, du fait que la foi abrutit les pauvres jusqu’au point de s’entre-haïr au lieu de s’en prendre aux exploiteurs, directement responsables de leur misère ; on se concerne du fait que grâce à l’idée maudite de divinité, ils partagent le sentiment de communion spirituelle avec celles et ceux qui prospèrent de leur pauvreté, pourvu qu’ils soient de la même confession ; on se concerne du fait que le sort d’un individu devient, pour un religieux, un destin souhaité par le miséricordieux au lieu d’être une condition conçue et bâtie par les puissants d’ici-bas.

Pour tout ce qui me concerne, la critique de la religion est le préalable à tout esprit libre, à l’aspiration à la liberté au milieu de la non-liberté. Le fait que l’islam, ou n’importe quelle autre religion dans un contexte différent, soit aussi répandu dans les milieux pauvres n’y change rien. En fait, la seule chose qu’on puisse dire là-dessus, c’est que c’est bien là le problème.

Une chose nettement ignorée par les libertaires pro-religieux, c’est que l’islam lui-même est dévoré par toutes sortes de scissions et conflits inter-communautaires. Ainsi, l’un des moteurs principaux de la décomposition de la révolution en Syrie était l’appartenance d’Assad à une secte minoritaire chiite – l’articulation religieuse des rebelles divers devenant un motif pour certains de se soulever contre les mécréants au lieu des dirigeants tout court. Ainsi se produisait la base sociale de Daesh en Irak, gouverné depuis l’occupation américaine par une classe majoritairement chiite. Ainsi se font massacrer les yézidis en Turquie, les chrétiens en Irak, mais aussi les ahmadistes en Indonésie et les sunnites en Iran, et la liste continue…

Quelle est donc la religion des pauvres dans ce paysage baigné de sang ? Est-ce que ces guerres sectaires sont des conflits entre les riches et les pauvres ? Non, ce sont des conflits où les pauvres s’entre-tuent au nom du Dieu tout puissant, suffisamment puissant pour abrutir jusqu’au point d’oublier tout ce qui produit la pauvreté : quelques poignées de riches.

La critique de la religion est donc préalable non pas pour se retrouver à nos côtés, anti-théistes et anti-autoritaires, mais pour identifier clairement l’ennemi, non pas dans le mécréant, l’abominable et le pervers, mais dans le pouvoir. Autrement dit, la critique de la religion est préalable à la pensée et à la pratique anti-autoritaire. On ne peut pas banaliser le rôle joué par la religion et puis s’étonner lorsque les insurrections populaires dans divers pays permettent aux forces islamistes de s’emparer du pouvoir (un schéma que l’on connaît bien aujourd’hui, et cela depuis 79 et le vol de la révolution sociale en Iran par les ayatollahs). Si c’est le cas, ce n’est pas parce qu’ils sont plus malins que les autres ; c’est parce qu’une partie considérable de la population les soutient.

Pour conclure, la mort de toute divinité est très souhaitable. Mais sa critique radicale l’est beaucoup plus : elle est nécessaire et décisive quant aux perspectives révolutionnaires et anti-autoritaires de cette humanité qu’on habite.

Pétitions de principes

Comme je l’ai déjà dit, je crois que la scission qui est en train de se produire dans les milieux anti-autoritaires sur la question de la religion est irréductible. Je ne défend pas le « véritable » sens quelconque des idées libertaires. Je ne détiens pas le pouvoir pour déterminer la signification d’un tel mot et je ne le souhaite pas. Je suis convaincu, cependant, que la question est d’une importance fondamentale.

On nous accuse aujourd’hui d’une application dogmatique de l’anti-théisme inhérent à la pensée anti-autoritaire. J’objecte. Ce n’est pas parce que l’on est anti-autoritaire qu’on porte certaines idées et pratiques. C’est, au contraire, parce qu’on porte certaines idées et pratiques qu’on s’appelle anti-autoritaire. En l’occurrence, j’affirme ma critique du religieux parce que je me reconnais dans l’indifférence envers la religion dans des contextes où elle joue un rôle décisif et dans la révolte contre son poids mort qui surgit ici et là, même au sein des communautés les plus stigmatisées du monde.

Dernièrement, là où nos libertaires pro-religion ont tort, c’est qu’ils pensent avoir leurs cher(e)s « racisé-e-s » de leur côté. Non, la scission ne se fait pas entre les « races », parce que les « races » n’existent pas. Le fait qu’il y ait des personnes, issues de la prétendue culture musulmane ou pas, croyantes ou pas, qui défendent l’islam (ou n’importe quelle autre religion dans un contexte différent) au nom de la lutte contre le racisme, cela ne signifie rien. Traiter une personne en représentante de « sa » communauté, voire de « sa race », est tout simplement raciste. C’est traiter un certain groupe de gens, d’ailleurs délimités par leur appartenance attribuée par d’autres, comme incapable d’avoir une individualité propre et de formuler ses propres pensées.

La scission se fait donc entre les individus. Entre celles et ceux qui veulent ou acceptent de réduire certain(e)s à ce qui leur est imposé par la famille, la « communauté » ou l’État, et les autres, qui ne tolèrent pas d’être réduit(e)s à leur misère.

Jérôme Locura.

Notes

[1] Différentes personnes qui, d’ailleurs, n’écrivent pas exclusivement pour les sites en question et qui ont des idées très différentes. Sans parler des cas où des auteurs qui n’ont rien à voir ni personnellement, ni au niveau des idées, étaient associés automatiquement à la même soupe au seul motif qu’ils ont inclus l’islam dans leur critique de la religion. Coupables par association, sans fond, ces derniers sont de fait exclus non pour leur participation aux sites en question, mais bien par le contenu de leur critique.

[2] Je dis « culture dite musulmane » parce que je ne vois pas trop ce qu’il y a de commun entre la vie culturelle marocaine, syrienne, javanaise, ouïghoure ou tatare – toutes étant cultures « musulmanes ». Rappelons que tout comme l’islam n’est pas une race, il n’est pas une culture non plus.

[3] Ainsi un spambot habituel d’un site célèbre nous dit cela : « Il est […] particulièrement malhonnête de ne tenir aucun compte de ce qu’ils [les « libertaires antiracistes »] disent et de continuer à déclamer sur le clivage entre « antithéistes » et religieux, comme si on était moins athées qu’eux parce qu’on s’intéresse au sort de racialisé-e-s qui n’ont pas encore adhéré aux idées libertaires et n’ont pas fait une critique radicale de la religion. » Hey, les athées, agnostiques, anarchistes et communistes du Maghreb, de Syrie, d’Iran, d’Irak, du Liban et des autres pays, vous nous direz lorsque vous, « les racialisé-e-s », aurez développé une critique radicale de la religion pour qu’on puisse arrêter de soutenir vos bourreaux ? Matoub Lounes, écoutes bien !

[4] Il est regrettable de croiser des gens qui pensent que lorsqu’une personne « racis-e-é » parle, elle parle de la bouche collective de tous ceux qui sont catégorisés comme opprimés à travers le filtre racialiste.

[5] Deux figures majeures l’athéisme mieux connues dans l’univers anglophone. Dawkins défend l’athéisme au nom de la vérité scientifique, Hitchens – au nom de valeurs « séculaires » de l’occident face à la menace qui d’après lui vient du monde musulman.

Source : nonfides

[Brésil] Emeutes à Sao Paulo et Rio de Janeiro contre une énième hausse de prix des transports

Sao Paulo, 12 janvier 2016: la nouvelle hausse de tarifs des transports (qui est de l’ordre de 8.6%) ne passe pas. 2000 personnes sont redescendues dans la rue ce mardi. Alors que tout se passait pacifiquement sur l’avenida Paulista, des groupes de manifestants ont pris l’initiative de sortir du parcours imposé par le mouvement ‘Pase Libre’ et du contrôle policier en prenant la direction de ‘l’avenida Rebouças’: c’est à ce moment que les flics ont violemment attaqué le cortège avec gaz lacrymo et tirs de flashball, faisant au moins 25 personnes blessés. La réponse de certains manifestants, dont quelques uns étaient masqués, a été immédiate et se sont affrontés à la police militaire. Afin d’empêcher l’avancée de la police, des barricades de poubelles et de toutes sortes d’objets ont été érigées à travers les rues. Même si plusieurs magasins s’étaient barricadés par crainte de pillages, ‘l’Instituto Cervantes’ (institution culturelle dépendant du Ministère des Affaires étrangères espagnol, NdT) et une agence bancaire ont été saccagés, selon le ministère de la sécurité pulique de Sao Paulo. Au total, 8 personnes ont été arrêtées, dont deux en possession d’engins incendiaires. Une nouvelle manif est annoncée pour jeudi 14 janvier.

Sao Paulo, 12 janvier 2016

Vendredi 8 janvier 2016, des émeutes ont accompagnées les manifs contre une énième hausse des transports à Rio de Janeiro et à Sao Paulo, prévue pour le lendemain (faisant respectivement passer le prix du ticket de bus de 3.40 à 3.80 reaux reals et de 3.50 à 3.80 reaux). La hausse des tarifs concerne aussi les transports ferroviaires et fluviales à Rio. Ces hausses des tarifs sont, comme partout, quasi-annuelles et ont suscité des révoltes de masse en juillet 2013 au sein des grandes villes brésiliennes [1].

2qlk3rymnj_955a0a6t4z_fileA Rio, les affrontements avec les flics ont éclaté au moment où la foule de 2000 personnes allait se disperser une fois arrivée à la gare centrale. Des groupes de manifestants masqués ont jeté pierres, pétards et cocktails molotov à la gueule des gardes municipaux et de la police militaire, qui ont répondu par des tirs de lacrymo et de flashball. La confrontation s’est rapidement déplacée avenida Presidente Vargas et dans les rues environnantes et provoqué pas mal de pagaille: deux stations de métro ont été fermées et la circulation bloquée par des barricades de poubelles en feu à travers les rues. L’air remplie de gaz ont fait courir les passants dans tous les sens, créant une situation encore plus incontrôlable pour les flics: des petits groupes mobiles se sont déplacés vers le centre-ville: un bus a été vidé de ses passagers et s’est fait péter ses vitres, mais la police militaire a réussi à empêcher qu’il soit incendié. Au niveau de l’avenida Rio Branco, une agence bancaire a été détruite alors que des pierres volaient sur les flics. Armés de bâtons et de pierres, des individus cagoulés ont alors enfoncé les grilles de chantier du futur tramway (appelé VLT – “Véhicules légers sur rail”, NdT) qu’ils ont balancées à travers les rails déjà construits afin d’échapper plus facilement aux robocops de la police militaire).

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A Sao Paulo, plus de 3000 personnes ont pris part à la manifestation. En fin de soirée, les émeutes ont pris pour cible plusieurs agences bancaires et autobus qui se sont faits détruire leurs vitres. 17 personnes ont été arrêtées pour “désordre” et 3 flics ont été blessés (des manifestants aussi, mais comme d’hab’ on n’a pas plus d’infos).

Demonstrator protester kicks a teargas canister fired by riot police during a protest against fare hikes for city buses in Sao Paulo

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[Repris de la presse, 09/01/2016]

NdT:

[1] Au sujet des révoltes de l’été 2013 au Brésil, plusieurs textes et compte-rendus sont visibles sur l’ancien site:

Quelques textes 4 pages et brochures à relire en vue des Jeux Olympiques de 2016 au Brésil:

  • Nuits blanches et ciels étoilés – la coupe du monde au Brésil et les soubresauts internationaux de l’insurrection
  • Génocide et spectacle – Une réflexion anarchiste sur le contexte à Rio de Janeiro : l’opération Choc de l’Ordre, la Coupe du Monde de la FIFA et les Jeux Olympiques d’Été de 2016 au Brésil.

Source : https://lechatnoiremeutier.noblogs.org/

Du papier dans la bouche

[Edito de Des Ruines, n°2, Revue anarchiste apériodique, automne 2015.]

Bien que cela soit cocasse et peu courant pour le commun des mortels, vous avez peut-être déjà, dans votre vie d’aventures et de merveilles, mâché une page de papier pleine d’encre. Plusieurs possibilités : peut-être pour dissimuler des informations sensibles ou personnelles à un flic ou un maton ; peut-être parce que l’éternel ennui scolaire vous a fait faire des choses incroyables ; ou bien par pure sottise, ça arrive à tout le monde (ne vous en faites pas). Vous avez probablement remarqué comment le papier assèche votre bouche, tandis que l’encre et son goût amer enveloppe votre langue d’un désagréable voile d’inconfort. Comme tout ce qui est palpable, encre et papier ont un effet sur notre corps, nos organes, nos sensations instinctives.

Le bon dieu, le malin génie, le saint-esprit, le destin ou Internet, n’ont eux pas d’effets sur mon corps et mes instincts sauvages, ils sont métaphysiques (et lorsque nous parlons d’internet, pour l’instant nous ne parlons que du « concept », et pas encore des antennes ou des ondes qui lui permettent d’exister, et qui elles, ont indéniablement des effets directs sur nos corps). Comme tout ce qui est virtuel, ils ne sont qu’en puissance, sans effet actuel et sans matérialité. La graine, par exemple, est un arbre en puissance. En frappant ma tête contre un arbre (admettons, par pure sottise encore) je pourrais bien me fendre le crâne, et cela de façon bien réelle et organique, ce qui n’arrivera pas avec une graine, ni avec Internet ou le bon dieu.
Tout cela pour commencer à parler d’un sujet que nous souhaitions aborder depuis longtemps, et qui se trouve être, selon nous, humbles forces du mal, bien plus crucial qu’il n’y paraît. Nous aimerions expliquer pourquoi nous préférons nos textes sur du papier que sur Internet. Pourquoi nous pensons que la réalité vaut la virtualité au carré, et pourquoi nous aimerions voir disparaître les rapports virtuels avec le monde qui les produit.

 

La suite ici :

PDF - 3.9 Mo

 

[Croatie/Slovénie] : Multiplication des sabotages de la frontière

Alors que des barrières en fils barbelés sont érigées par les Etats à travers l’Europe, migrants et no borders agissent pour les abattre. Récemment, des personnes se sont attaquées à la frontière entre la Croatie et la Slovénie… Et des actions du même type se multiplient.

Une fois la nuit venue, des groupes de personnes s’attaquent aux barrières tranchantes de la frontière à l’aide de pinces coupantes, tout en prenant soin de se masquer le visage et de s’équiper de gants épais. L’initiative a commencé en Istrie du côté croate pour s’étendre tout le le long de la frontière avec la Slovénie. Après une action à Hrvatsko Zagorje (région croate située au nord-ouest de Zagreb, NdT), l’idée de saboter les frontières s’est répandue de l’autre côté de la frontière, rapporte Jutarnji List le 31 décembre dernier.

Si au début les actions contre la frontière restaient symboliques (en décorant les barbelés avec des ornements de Noël, en jouant au volley par dessus les barrières, suspension de banderoles, concerts de violons, etc..), la construction d’une clôture de barbelés près de Matulji (Croatie) a poussé des personnes à les abattre.

Certains détaillent la façon dont ils agissent : de nuit, deux personnes coupent les fils barbelés à l’aide de grande pinces en moins d’un quart d’heure puis se font récupérer par un complice en voiture qui vient les rechercher une fois le sabotage terminé. Les fils tranchants sont également enlevés, afin que personne ne se blesse en tentant de passer ou de s’approcher. Car, en plus de dissuader et de tuer les migrants qui tentent de s’affranchir des Etats et de leurs frontières, il y aurait eu apparemment un grand nombre de cerfs morts après avoir été pris dans les fils barbelés.

Ces actions contre les frontières augmentent du côté slovène, notamment dans la région de la capitale Ljubljana.

[Source:  Chat Noir Emeutier.]

Sans fleurs ni couronnes

« Les mots n’ont pas de valeur en soi, mais pour le sens qui leur est attribué. Il faut donc toujours bien se mettre d’accord sur le sens des mots utilisés, et faire attention à ce que des gens sans scrupules ne fassent pas usage des mots qui ont le plus de popularité, à travers lesquels ils font passer sous une fausse étiquette la marchandise avariée de leurs propres intérêts économiques et politiques. »
Max Sartin, La magia e il senso delle parole, 1935.

 

I. Autonomie

Chacun sait que le langage n’est pas neutre. Que c’est un moyen souvent insatisfaisant pour exprimer ses idées. Pourtant, si on veut pouvoir les communiquer à d’autres et en approfondir le contenu, il vaut mieux s’entendre sur le sens des mots. Dans les milieux anti-autoritaires comme ailleurs, cela va de moins en moins de soi. Une même idée, courante, emprunte même parfois des significations si éloignées les unes des autres (en assemblée par exemple), qu’on en vient à se demander s’il s’agit juste d’une banale incompréhension ou si ce n’est pas la manifestation d’une confusion généralisée en progrès constants. Prenons parmi tant d’autres le mot « liberté« , régulièrement transformé en conquête ou préservation de droits garantis par l’Etat (comme la fameuse « liberté de« ) ou exprimé sous forme d’oxymore (comme dans la défense du « marché libre » des biffins). Mais la liberté peut-elle vraiment être quelque chose de quantifiable, le synonyme abstrait d’une augmentation des choix possibles, ou n’est-ce pas au contraire l’expression de toutes les possibilités différentes qui peuvent se déployer dans le rapport avec les autres ? La liberté ne peut pas être enfermée à l’intérieur de lois et de règles valables pour tous, elle peut seulement naître du libre accord entre individus, en l’absence donc de tout système ou rapport autoritaire (Etat, capitalisme, religion, patriarcat).
Que le langage ne soit pas neutre, ne soit pas simplement descriptif, les autoritaires en tout genre l’ont compris depuis longtemps. Celui qui contrôle le sens des mots peut s’assurer d’une capacité considérable de maîtrise des esprits. Le pouvoir a ainsi toujours cherché à leur donner le sens qui l’arrange, qu’on songe par exemple à celui de terrorisme, qu’il dégaine d’un jet ininterrompu et à tout va depuis bien trop longtemps [1]. Partout où il y a une masse à manœuvrer (ou une illusion de), on peut retrouver cet art de la politique qui consiste à travestir les faits en changeant les mots, y compris donc dans le soi-disant mouvement anti-autoritaire où les idées gauchistes font un retour en force depuis quelques années.
Dans leur miroir déformant, réduire les individus à leur couleur de peau n’est ainsi plus du racisme, mais devient une lutte contre les privilèges. Justifier la soumissionà un code de loi gravé dans un vieux bouquin n’est plus une manifestation par excellence de l’autoritarisme (à combattre), mais devient une simple manifestation culturelle (à soutenir) ou une banale opinion (à tolérer). Jeter des pierres sur des journalistes ou des élus en toute occasion ne signifie plus manifester son hostilité irréductible avec le pouvoir, mais devient un manque d’intelligence tactique dans la composition avec lui. Dans la vague actuelle de renversement des contenus et de leur instrumentalisation au sein du mouvement, il n’est alors pas étonnant que même des concepts jusqu’à hier chers à beaucoup, comme l’autonomie ou l’auto-organisation, soient à leur tour vidés de leur sens par leurs partisans mêmes, neutralisant leur force pratique et les privant de leur portée potentiellement subversive. Faute de perspective révolutionnaire, au nom du pragmatisme ou de l’efficacité, de l’élargissement ou de l’ancrage sur un territoire, par esprit de grégarisme ou d’adaptation à un existant toujours plus trouble, l’heure semble de moins en moins à la diffusion de pratiques anti-autoritaires, et toujours plus à leur dilution au sein d’alliances de circonstance avec des politiciens de service (mais dans le respect de la diversité de chacun, hein !).
Et c’est peut-être comme cela, petit à petit, que l’éditeur officiel de tout un ramassis d’ordures a pu soudain se transformer en une opportunité à saisir pour d’anciens amateurs de la guerre sociale.

II. Le sens plutôt que la règle

« Forger et utiliser ses propres moyens de lutte placerait-il de fait en-dehors du champ des luttes sociales ? C’est le discours que tiennent l’Etat et ses relais directs car ils défendent leurs intérêts… »
Kalimero Paris, février 2008

En matière d’autonomie et d’auto-organisation, prenons le dernier cas d’école en date, à savoir les « membres » d’un collectif francilien qui participent « à des luttes ou à des mouvements sociaux« , et qui ont décidé de commercialiser leurs travaux en janvier 2016 chez Syllepse, une maison tolérante dont l’ouverture d’esprit avait été jusque là trop négligée par une partie du mouvement. Certes, prôner l’auto-organisation et la critique de la marchandise tout en alimentant de ses analyses les étals des supermarchés n’est pas nouveau, et ils n’ont pas beaucoup de mérite. Les stratèges blanquistes de la composition avaient déjà rouvert cette voie fructueuse avec l’éditeur de flic et de juge La Fabrique en 2007, avant que des vendeurs de mauvaise soupe ne les imitent en 2014 avec leurs trajectoires alternatives débitées chez l’éditeur du Mieux vaut moins, mais mieux de Lénine (ed. l’éclat). Mais tout de même, si des critiques du langage et de l’idéologie de la procédure pénale ont fait le choix d’un éditeur comme Syllepse, qui avait publié en 2011 un ouvrage coordonné par une magistrate dénonçant une « politique qui échoue à lutter contre la délinquance et qui désorganise la police et la justice » avant de suggérer « de nombreuses propositions alternatives en matière de fichage et de vidéo-surveillance«  [2], c’est qu’il doit bien y avoir une raison ou une cohérence quelque part. D’autant plus que leurs réunions se déroulent depuis des années dans un local dont les participants affichent justement leur ambition de « subvertir les rapports sociaux,c’est-à-dire remettre en cause cette société et la renverser« , à travers une « autonomie » définie comme une manière de s’organiser « hors des syndicats, des partis, des structures hiérarchiques« .

Afin de lever toute ambiguïté et pour ne pas en rester sur ce qui relève manifestement d’un télescopage malheureux au sein des collections de Syllepse -un peu comme si l’auteur d’un bouquin titré Mort à la démocratie donnait une interview à une grande radio d’Etat pour en faire la promotion-, faisons donc un rapide tour du propriétaire. Pour commencer, on pourrait consulter la quarantaine d’ouvrages de la Fondation Copernic publiés ces quinze dernières années par l’ »alter-éditeur, engagé et non partisan« , mais aucun estomac n’y résisterait bien longtemps. Et de toutes façons, pour connaître les idées professées par ladite Fondation, inutile de se plonger dans l’écœurante mixture qui mijote sous la bannière de « l’anti-libéralisme ». Le parcours de ses présidents successifs (1998-2015) suffira amplement : Yves Salesse (ex dirigeant national de la LCR, ex du cabinet du ministre communiste des transports Gayssot, ex porte-parole de Bové à la Présidentielle), Évelyne Sire-Marin (vice-présidente du TGI de Paris, ex Présidente du Syndicat de la magistrature et soutien de Mélenchon à la Présidentielle), Roger Martelli (membre du Parti communiste et ex de son Comité central), Caroline Mécary (ex conseillère régionale EELV et toujours conseillère de Paris), Janette Habel (ex du bureau politique de la LCR et signataire du Mouvement pour la sixième République), Pierre Khalfa (ex porte-parole de l’Union syndicale Solidaires et membre du Conseil scientifique d’Attac). N’en jetez plus, la poubelle déborde !
La « forme grammaticale qui privilégie les accords fondés sur le sens plutôt que sur la règle« , à laquelle Syllepse a emprunté son nom, a certainement trouvé avec la Fondation Copernic un accord à la hauteur de ses ambitions : être l’éditeur privilégié d’un des principaux laboratoires de la main gauche de l’Etat. Le genre de laboratoire indispensable pour redorer la façade craquelée du pouvoir, tenter d’éteindre les incendies qui couvent à sa base et imaginer comment lui assurer un semblant de légitimité sociale en temps de restructurations économiques. Tout de même, drôle d’endroit pour une Caisse d’auto-défense collective. A moins que ce ne soit leur désir commun de mouvement social et de collectif qui les ait réunis, puisque l’éditeur précisait dès son Manifeste de juin 2004 vouloir offrir « une caisse de garantie qui permet à tous nos auteurs de mener leur projet à bien et une caisse de résonance pour leurs idées« , ou encore que « notre force tient aussi à notre lien avec les mouvements sociaux« . Mais le problème, quand on nie à ce point l’individu, c’est qu’on finit très vite mal accompagnés,

Oublions donc vite fait cette collection particulière, Notes et Documents de la Fondation Copernic, et tentons de trouver un peu d’air frais du côté des dizaines d’autres collections du nouveau venu dans l’ex mouvance autonome. Là, surprise ou pas, on tombe sur des spécialistes de la vie des autres (dont des psys en tout genre), des prêcheurs d’Etat (universitaires ou de lycée) et autres autoritaires historiques (avec une prédilection pour les auteurs trotskystes, dont les 944 pages du boucher de Kronstadt parues en avril 2015 pour rappeler l’importance du front unique antifasciste [3]). Les autres collections remarquables de Syllepse se nomment par exemple ATTAC, Contretemps (revue dont le n°14 de 2012 contenait cet immanquable article titré « Syriza ou l’espoir retrouvé« ), Espaces Marx, Les Cahiers de Critique Communiste, Mille marxismes (avec ses magnifiques « La politique comme art stratégique » et « Le dernier combat de Lénine » de 2011 et 2015) ou encore Séminaire marxiste… Réconcilier la rigidité théorique du passé avec le meilleur du réformisme du présent, en voilà bien un projet qui semble avoir trouvé son marché, si on en juge par les centaines d’ouvrages sortis chez Syllepse depuis 1989. En même temps, c’est vrai qu’à force de fréquenter les allées du pouvoir, on se perd moins dans le dédale de ses financements.
Mais comme il serait ingrat de demeurer en si mauvaise compagnie sans faire un détour par LA collection qui se veut un peu plus terre-à-terre, jetons un dernier coup d’oeil sur Arguments et Mouvements, dont le postulat est que les « acteurs du mouvement social et les mouvements sociaux produisent des idées, émettent des propositions, interprètent le monde et agissent sur lui » (merci pour eux). Des idées et des propositions qu’il aurait en effet été trop bête de gâcher en ne les récupérant pas au sein des différents rackets de la gauche de la gauche. Mais qu’on se rassure, la conception du mouvement social de Syllepse n’a même plus de quoi incendier un Palais d’Hiver, et va au mieux réclamer quelques miettes tout en pacifiant le rapport capital/travail : on retrouve pêle-mêle dans cette collection qui vient donc d’éditer Face à la police/Face à la justice de la Caisse d’auto-défense collective de Paris/Banlieue (Cadecol), des livres signés Syndicat Solidaires des finances publiques, Syndicat national des chercheurs scientifiques, Syndicat National Unifié des Impôts, Sud-Étudiant ou encore VISA (« association intersyndicale unitaire composée d’une cinquantaine de structures syndicales : la FSU et plusieurs de ses syndicats, l’Union syndicale Solidaires et plusieurs de ses syndicats, des fédérations et des syndicats de la CGT, de la CFDT, de la CNT, de l’UNEF et le Syndicat de la magistrature« ).
Arrivés à ce stade, on se dit que, franchement, ce n’est pas juste un mauvais hasard ou de la naïveté, mais un véritable choix tactique qui a fait s’accoupler dans un ballet abject le livre de la caisse des autonomes franciliens avec (notamment) celui de la vice-présidente du tribunal de grande instance de Paris, grâce à un éditeur commun qui annonce clairement ses intentions : « nos livres parlent séparément mais frappent ensemble » (à la porte des institutions), parce que leurs multiples langues débouchent « vers des compréhensions communes, vers une langue partagée, vers un sens commun, vers des « tous ensemble » de la pensée et de l’action« .

III. Les moyens de leurs fins

Dans son court texte de présentation technique, Cadecol se définit comme un outil à « utiliser de manière autonome afin se donner en amont les moyens de s’organiser le plus efficacement possible contre la répression« . Si ce collectif apporte à son tour sa petite pierre pour vider à sa manière le mot autonome de la charge subversive qu’il pouvait encore contenir -comme d’autres l’ont fait avant lui-, ne peuvent pourtant rester surpris que celles et ceux qui s’étaient arrêtés au début de la phrase. Car que peut bien vouloir dire une expression aussi absolue que « le plus efficacement possible« , sinon déconnecter absolument les fameux moyens des fins ? C’est un vieux truc qui permet de tout justifier au nom d’un intérêt commun supérieur (le maximum d’efficacité supposée… et donc l’art du calcul spéculatif), laissant le champ libre à une poignée de fins dialecticiens qui viendront nous éclairer du haut de leur clairvoyance. Le Comité invisible, qui en connaît un rayon sur le sujet, avait logiquement choisi de vendre sa soupe chez un fana de Lénine. La Caisse francilienne a choisi de son côté de se donner des moyens de s’organiser en amont en s’offrant à un fana de Trotsky. Une différence qu’on ne s’explique autrement que par la composition des assemblées du dit « mouvement social » selon les périodes et le sujet du moment (la CGT des raffineries, c’est pas le NPA des réfugiés).

Quant aux autres, tous les autres, pour qui la fin ne justifiera jamais les moyens, pour qui un éditeur de centaines de conseillers du prince restera toujours un ennemi à combattre plutôt qu’un allié provisoire à utiliser ou avec lequel s’accoquiner, pour qui s’organiser de façon autonome signifie s’associer entre individus révolté-e-s dans un espace de lutte anti-autoritaire où les mots et leur sens ne sont pas mutilés…
…l’horizon de la solidarité et de l’offensive sera toujours bien plus vaste et bien plus respirable que tous les marigots du plus efficacement possible.

Sans fleurs ni couronnes,
Bagnolet, début janvier 2016.

Source : Indy Nantes.


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